FAQ des commentaires : partie 2

- Julie BOUCHONVILLE

FAQ des commentaires : partie 2

La semaine dernière, nous avons entamé une liste de questions issues des commentaires des articles passés de Bien Être Autiste. Cette semaine, nous continuons, en nous concentrant en particulier sur les questions posées directement par des personnes qui ont un TSA.

Questions de personnes autistes

 

« Comment puis-je faire taire mon cerveau le soir pour mieux dormir ? »

Une excellente question — qui n’est par ailleurs pas exclusivement réservée aux personnes autistes. Parvenir à arrêter des pensées qui ne cessent de s’enchaîner et de se poursuivre nécessite de pratiquer les aptitudes associées plus régulièrement que juste au moment de s’endormir ; le lâcher-prise se cultive à chaque opportunité. 

– D’abord les grands classiques : essayer de se coucher et de se lever à peu près à la même heure tous les jours, d’avoir une activité physique régulière, et de limiter les substances ou comportements excitants dès l’après-midi. Je sais que c’est dit et redit, mais mine de rien, cela aide.

– Quelques astuces qui peuvent aider : ritualiser le coucher avec une activité calme, idéalement lire un livre[1].

Faire semblant de bâiller une dizaine de fois.

Essayer de faire des associations d’idées extravagantes : c’est une astuce que j’ai trouvée dans un magazine il y a des années[2], mais qui, je trouve, marche assez bien. L’idée est de penser à un sujet, n’importe lequel, et ensuite de guider ses pensées vers un second sujet qui a le moins de rapport possible ; pas juste l’opposé, mais quelque chose qui n’a rien à voir. Personnellement, je ne parviens jamais à dix sujets avant de m’endormir. La théorie sous-tendant l’exercice est que cela reproduirait la manière dont le cerveau qui s’endort fonctionne. 

– Le lâcher prise : la méditation de pleine conscience est un parcours de maîtrise progressive de ce lâcher prise, et consiste à apprendre à identifier les moments où l’on est en train de suivre une pensée ou une émotion, accepter de s’arrêter, et revenir se concentrer sur un stimulus neutre comme la respiration ou la sensation que renvoie une partie du corps peu émotionnellement chargée.

C’est un exercice que je trouve personnellement agaçant en ce sens que j’aimerais être le genre de personne qui est si complexe que la méditation ne sert à rien, mais dans les faits, c’est très efficace.

Notons que la TCC peut aider à apprendre des stratégies pertinentes, et que c’est complètement OK de se tourner vers une approche médicamenteuse si on le juge nécessaire. 

 

« Est-ce que les neurotypiques savent qu’ils communiquent d’une manière peu claire ? »

Par exemple « Qu’est-ce que tu fais ? » pour « Est-ce que je peux participer ? » ou « C’est cette chemise que tu vas mettre ? » pour « C’est le pire choix de couleurs que j’ai jamais vu de ma vie ».

Il semblerait qu’ils savent qu’ils n’expriment pas clairement le fond de leur pensée, mais qu’ils pensent que tout le monde comprend pourquoi ils le font, et de fait qu’aucun malentendu ne peut subsister. Dans la mesure où énormément d’œuvres de fiction — et beaucoup d’anecdotes réelles — basent des tragédies entières sur des malentendus, on pourrait espérer que ça leur mettrait la puce à l’oreille, mais de toute évidence, ce n’est pas le cas. 

Le légendaire tact autiste vient du fait que nous avons plutôt tendance à dire clairement ce que nous pensons afin de permettre à la personne en face de nous de faire des choix éclairés, avec toutes les informations nécessaires. (On notera aussi que beaucoup de personnes qui ont un TDAH, un groupe qui se confond avec celui des autistes, ont tendance à processer leurs pensées et/ou émotions de manière externe, et de fait peuvent ne pas savoir ce qu’elles vont dire au juste avant de l’entendre sortir de leur bouche.)

J’encourage mon lecteur à essayer d’éduquer les neurotypiques de son entourage, s’il en a l’énergie, pour les aider à devenir de meilleurs communicants.

 

« Est-ce que la dissociation peut être dangereuse ? »

Dans mon article associé [3], j’avais noté que la dissociation n’est pas un état dangereux en soi, et plusieurs commentateurs m’ont fait remarquer que cela pouvait l’être sur la route, à cause du risque d’accident, ou même à pieds dans une foule, à cause du risque de se perdre. Ces deux remarques sont très justes, et la distinction que je faisais entre l’état en lui-même et les circonstances où il peut se produire n’était pas pertinente d’un point de vue pratique. 

Oui, il est donc possible de dissocier dangereusement.

 

« Je gère mal l’anxiété et ai peur de conduire, mais je désire néanmoins apprendre. Est-ce possible avec un TSA ? »

Je ne sais pas. Il y a des autistes qui surmontent leur peur, en quelques mois ou années, et qui finissent par être des conducteurs compétents. D’autres réalisent que conduire n’est pas fait pour eux. Je crois qu’il n’y a pas de mauvais état final, et aussi, que c’est OK de considérer les choses d’un point de vue non monolithique, mais plutôt en flux. L’état d’une chose, d’une aptitude, d’une santé mentale à un instant donné est fluide. Cet état pourra changer d’un jour, ou d’un mois ou d’une année, à l’autre. Les gens ne sont pas taillés dans le marbre.

 

« Je ne sais pas si j’ai un TOC ou juste des rituels que j’aime observer. »

La question est vaste et complexe, mais, en caricaturant : une personne autiste ressent de la satisfaction quand elle se livre à un rituel établi, et de la détresse quand elle en est empêchée. Elle est capable d’expliquer pourquoi le rituel est pertinent sans détresse particulière, et ne ressent généralement pas de honte associée à son comportement ritualisé.

 

Une personne qui a un TOC ne ressent pas particulièrement de satisfaction en se livrant à son « rituel de TOC », tout au plus le vague soulagement que ce soit fait une fois qu’elle l’a validé. Elle ressent en revanche de la détresse si elle en est empêchée. Elle a souvent de la honte associée au comportement, ce qui fait qu’elle peut être tentée de le faire en cachette, et se sent mal lorsqu’on la questionne sur les motivations de son comportement — motivations qui tiennent en général de la pensée magique, mais qui peuvent être rationalisées.

 

Conclusion

J’espère avoir, avec ces réponses, ouvert à mon lecteur des pistes de réflexion. Je l’encourage à poser plus de questions dans les commentaires de cet article et ne pas hésiter, si nécessaire, à me contacter par e-mail à l’adresse renseignée. Je le retrouve dès la semaine prochaine pour un autre article. 



[1]La lecture fatigue les yeux, ce qui encourage les paupières à se baisser, et un livre en papier plutôt qu’un téléphone évite la tentation de « poser le livre » pour aller scroller à la place.

 

[2]Superbe exemple de source éclatée au sol.

 

Pour toute question sur nos articles de blog, contactez la rédactrice à : juliebouchonville@gmail.com


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